L'Humanité : NPA article du 30 juin

Publié le par EMINEM cgtmci@free.fr

Article paru le 30 juin 2008

La LCR croit au succès de son « nouveau parti »

Huit cents délégués ont jeté les bases du « nouveau parti anticapitaliste », mais sans dissiper le flou de son cap politique avant le futur congrès fondateur.

La LCR a soigné la mise en scène de la première rencontre nationale des partisans de son Nouveau parti anticapitaliste (NPA), réunis samedi et dimanche à la Plaine-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Plus de huit cents délégués venus de toute la France - un nombre largement supérieur à celui des congrès traditionnels de la Ligue - ont témoigné de manière visible d’une démarche loin de se résumer à un succès d’estime. Et une litanie d’interventions, en séance plénière, de délégués majoritairement « non issus de la LCR » ont égrené le nombre des participants dans leur département ou leur ville. Selon les données compilées par des responsables de la LCR, la proportion serait désormais d’un encarté à la LCR pour deux ou trois non-adhérents, soit un doublement ou triplement des effectifs au terme d’une phase qui n’a « vraiment commencé qu’il y a deux mois après les élections municipales et cantonales ». Olivier Besancenot s’est réjoui d’un « acte fondateur fort ». « On est debout, il y a une nouvelle réalité politique qui existe en dehors du système », a-t-il lancé aux délégués, rejetant tout accord avec le PS et ses alliés.

Mais pas question de trancher d’éventuels désaccords avant le congrès constituant de décembre ou janvier prochain. « Il ne faut rien fermer d’ici là », a plaidé Samuel Joshua, dirigeant de la LCR. La résolution finale a été adoptée « par consensus ». Même méthode pour la désignation du « comité de pilotage provisoire » du NPA, composé d’un tiers LCR et deux tiers de « nouveaux ».

Ce flou entretenu de l’organisation encore en gestation lui permet de capter l’intérêt d’un spectre large, allant de l’ancienne adjointe au maire de Paris, Clémentine Autain, présente en observatrice à Saint-Denis, à l’ancien activiste du groupuscule terroriste Action directe, Jean-Marc Rouillan, avec lequel la LCR a reconnu avoir eu des « contacts ». Une extrême diversité qui se retrouve dans le profil des délégués, où se mêlent des syndicalistes, de simples citoyens, des transfuges d’autres partis, des membres de courants politiques constitués, comme la Gauche alternative issue des « comités Bové » de la présidentielle, ou de la fraction dissidente de Lutte ouvrière. Avec un dénominateur commun : celui d’être des militants déçus des autres partis qui voient dans le NPA l’occasion de rassembler la « vraie gauche », résume Catherine, de Marne-la-Vallée.

Mais cette incertitude nourrit tout autant les impatiences, voire les méfiances des nouveaux arrivants, avides de clarification sur l’orientation, la stratégie et la démocratie dans le parti. « Ne soyons pas hypocrites, tout le monde se méfie d’une LCR bis », dira une déléguée. Le débat sur le nom du nouveau parti cristallise ainsi des divergences idéologiques qui seront difficiles à dépasser. Certains sont rebutés par la perspective d’un parti se disant ouvertement « révolutionnaire », « communiste » ou même « socialiste ». Même si chacun se dit conscient de ne pouvoir s’en tenir au terme « anticapitaliste » qui les a fédérés jusque-là, mais qui désigne un refus commun et non un projet partagé. Les militants de la LCR, à la dialectique plus aguerrie, s’en tirent momentanément en parlant dans la résolution finale de « transformation révolutionnaire de la société », présentée comme la traduction « positive » de l’anticapitalisme. Une explication qui ne suffira pas au moment d’éclaircir le débat entre réforme et révolution et ses conséquences sur la stratégie, les alliances du NPA et son rapport aux institutions.

S. C.

Publié dans NPA

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