LE MONDE : Olivier Besancenot décrète " l'urgence sociale contre le politique de classe de Sarkozy "
Port-Leucate (envoyée spéciale)
ll veut "décréter l'état d'urgence sociale" face à la "casse sociale" amorcée par le gouvernement. Devant un gros millier de sympathisants venus pour la dernière université de la Ligue communiste révolutionnaire à Port-Leucate (Aude) - en 2009, elle laissera la place à celle de la nouvelle organisation qu'elle veut lancer, le Nouveau parti anticapitaliste (NPA)- Olivier Besancenot a fait sa rentrée politique, samedi 23 août, sous le signe de la mobilisation générale. Le porte-parole de la LCR a appelé l'ensemble des organisations de gauche à des actions communes pour "résister et stopper Sarkozy".
Le jeune postier révolutionnaire a le vent en poupe, dans les sondages comme sur le terrain, et entend bien s'en servir pour se montrer le meilleur opposant à la droite. Même si les mois qui viennent seront ceux de la création de son nouveau parti, il a promis que ses amis "ne rentreront pas en apnée". En cette rentrée, marquée par une crise économique qui s'installe, des licenciements qui se profilent dans de nombreux secteurs et un pouvoir d'achat en berne, il y aura, selon lui, "du grabuge en perspective car une partie croissante de la population en a ras le bol". Lui qui a sillonné la France des grèves et des blocages, vers qui "les demandes de soutien pleuvent car une partie de la gauche ne fait pas son travail", affirme sentir "les cendres incandescentes des luttes qui brûlent toujours". Le verbe est fort et ses troupes ne doutent pas qu'ils sont les "résistants de la première heure" et désormais les seuls à défendre ceux "qui ont la rage".
Il a donc enjoint ses camarades à être "présents partout, sur tous les fronts". "Les conditions d'un mouvement général peuvent être réunies". Grèves, blocages d'entreprises ou de centres de tri postaux, mouvements de travailleurs sans-papiers, tout est bon pour faire monter la pression, a-t-il expliqué sous les applaudissements. Pour le jeune postier révolutionnaire, si la gauche "laisse faire la politique de classe menée par Sarkozy, dans quatre ans la société dans laquelle on vit ne sera plus tout à fait la même". Face au PS qui propose "d'attendre et d'attendre encore 2012 et une hypothétique alternance qui ne changera rien", ou de faire "de bons mots sur le style de Sarkozy", lui propose de se mobiliser pour défendre les "quatre piliers que la droite est en train de flinguer" : le code du travail avec la remise en cause des 35 heures, les congés payés "parce que ça nous revient", les services publics "pour le plus grand nombre" et la protection sociale "pour que chacun puisse se soigner". Couronné meilleur opposant à Sarkozy dans les sondages, il a, une fois encore, assuré que "ceux et celles qui résistent peuvent compter" sur lui, parce que lui et ses amis sont "la gauche qui ira jusqu'au bout". Celle aussi qui a un programme précis avec "le partage des richesses, sous le contrôle de tous et qui soient la propriété de la collectivité toute entière". Augmentation de 300 euros de tous les salaires, levée du secret bancaire et interdiction des licenciements. les mots d'ordre n'ont pas changé.
Quant à l'alternative, elle a désormais un nouveau nom : c'est le Nouveau parti anticapitaliste. Avec ses comités NPA qu'elle affirme voir "fleurir partout", la LCR veut "changer de braquet". Avec l'objectif "que ses idées deviennent majoritaire dans la société", a lancé l'ancien candidat à la présidentielle. Son programme a été résumé en une phrase : "Nous ce qu'on veut, ce n'est pas de vivre mieux, encore moins de survivre. C'est vivre bien". Sur cette base, la LCR dit espérer dépasser les 10 000 membres en janvier 2009 pour le congrès de fondation du nouveau parti.
Sylvia Zappi