NPA : ne bottons pas en touche !

Publié le par EMINEM cgtmci@free.fr

Un appel a été publié par Politis. Sans même porter d’appréciation sur le contenu et les premiers signataires de cet appel - d’autres l’ont fait -, on peut s’interroger sur sa portée pratique : la forte aspiration à une alternative unitaire à gauche a déjà eu l’occasion de s’exprimer à maintes reprises ces dernières années, des cadres permanents tels que le propose l’appel ont déjà été constitués, mais cela n’a abouti au final qu’à l’échec de 2007.
Il ne s’agit pas aujourd’hui de repartir de zéro en ignorant ce qui s’est passé et la situation qui en résulte. Il n’est plus l’heure d’affirmer la nécessité d’une nouvelle force politique mais d’engager le processus de sa construction, car le temps presse, et pour cela il nous faut examiner ce qui est aujourd’hui possible.

Jusqu’à présent, nous avons eu pour perspective la construction d’une nouvelle force politique rassemblant un maximum des composantes du NON de gauche, en gros celles impliquées dans la démarche des candidatures unitaires en 2006. C’est pourquoi nous avons écarté l’idée de la formalisation hâtive d’une organisation qui compromettrait la possibilité d’élargissement. Or, aujourd’hui, aussi bien la direction du PCF que la gauche du PS, à quelques exceptions près, ont mis de côté leur critique du social-libéralisme et se sont alignées derrière la direction du PS, au moment même où celle-ci est plus à droite que jamais. Pour eux, la parenthèse des candidatures unitaires est refermée. Même s’il ne faut pas exclure une évolution positive de ces deux composantes, l’objectif d’une nouvelle construction politique les incluant à court terme est très hypothétique dans les conditions actuelles.

Par contre, les élections municipales qui ont consacré la reconstitution de la gauche plurielle et même parfois son élargissement au Modem, ont aussi été marquées par une percée significative des listes de la gauche de la gauche, surtout lorsqu’elles étaient unitaires, et ce malgré les traces laissées par l’épisode de la présidentielle et l’absence de visibilité nationale. Ces listes, très diverses dans leur composition d’une ville à l’autre, dessinent néanmoins les contours de ce qu’il est raisonnable d’envisager de regrouper à court terme. La possibilité de sortir de la marginalité et d’accéder à la crédibilité est réelle. Aussi, tout en maintenant et affirmant l’objectif d’un rassemblement le plus large possible, l’urgence n’est-elle pas de réunir dans une force organisée celles et ceux qui y sont prêts ? Car l’absence actuelle d’alternative et même, pour l’essentiel, d’opposition sur le plan politique, laisse les résistances sans perspective et sans soutien, au risque qu’elles s’épuisent et avec elles la volonté de changement.

Par ailleurs, l’émergence d’un tel pôle à gauche de la gauche ne pourrait-elle pas créer les conditions d’une recomposition plus large, en brisant l’hégémonie du PS, et encourager l’intervention sur le terrain politique d’ acteurs des mouvements sociaux et des citoyens, qui hésitent encore souvent à franchir le pas ? Cela implique évidemment que cette nouvelle force politique ait la volonté d’agir dans ce sens.

Ceci pose inévitablement la question du NPA, puisque la LCR est la principale composante de cette gauche de la gauche, et qu’il n’y a pas place à mon avis pour deux démarches, qui, malgré leurs différences, seraient perçues comme très proches et concurrentes.

La LCR porte une part importante de responsabilité dans l’échec de la bataille unitaire en 2007. Son choix de construction solitaire du NPA alors qu’elle dit le vouloir pluraliste( cf. son adresse du Congrès ) est évidemment contestable. Beaucoup le pensent et je le pense aussi.
Mais ces critiques suffisent-elles à caractériser le projet du NPA, alors que la démarche est maintenant bien engagée et qu’il faut en prendre acte ? Le NPA est-il voué à n’être qu’une LCR élargie, une LCR bis, alors que la direction de la LCR s’en défend ? Aucune force organisée ne peut rassembler autour d’elle seule, comme le rappelle à juste titre l’appel de Politis. Le dépassement de la LCR, si tel est vraiment le but recherché, passe par le pluralisme. Cela dépend d’abord de la volonté de la LCR bien sûr ; mais aussi des partenaires éventuels, dont nous sommes, à partir du moment où celle-ci ne ferme pas la porte.

Pourquoi ne pas chercher à faire converger nos deux démarches, en tenant compte évidemment de la nature différente de nos structures, et, concernant les collectifs, des engagements diversifiés en leur ?

Nous savons tous combien les conceptions et les pratiques actuelles de la LCR sont souvent contradictoires avec l’objectif d’ouverture affiché aujourd’hui. Discutons-en, dans une démarche constructive, comme a commencé à le faire Raoul Marc Jennar. Discutons des conditions du pluralisme dans une organisation commune, de la démocratie en son sein, de la place des structures de base ( large autonomie, souveraineté ? ), des pratiques militantes ; comment permettre l’appropriation de la politique par le plus grand nombre, comment rompre avec les conceptions délégataires, substitutistes, avant-gardistes, quel rapport aux mouvements sociaux, quelle démarche unitaire… ?

La LCR est-elle prête à ce débat ? Veut-elle des courants constitués autres qu’elle-même, comme elle l’affirme ? Nous ne le saurons que si nous lui proposons cette discussion. Il est probable que déjà coexistent des conceptions différentes de la mise en œuvre du projet NPA, se traduisant par des pratiques différentes, des plus ouvertes au plus fermées. Par ailleurs, Rouge publie régulièrement des compte-rendus de réunions de collectifs NPA dans les régions où s’expriment souvent des préoccupations proches de celles que je viens d’évoquer.

Nous aurions tort de rester à l’écart au risque d’apparaître à notre tour comme sectaires. Sans préjuger du résultat, une opportunité concrète d’avancer vers la construction d’une nouvelle force politique se présente. Certains militants des collectifs unitaires s’investissent individuellement dans des comités NPA ; ne serait-il pas plus efficace d’avoir une démarche collective, dans le respect de la souveraineté des collectifs locaux évidemment ?

Le 27 mai

Michel Dupont
Rouen ( 76 )

Publié dans NPA

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
Si la LCR avait voulu d'emblée instaurer une démarche pluraliste, elle aurait validé les demandes que les membres du Secrétariat de la Coordination des Collectifs Unitaires ont pu faire courant mars, et ce tant au plan national ( voir sur le site des collectifs) qu'au plan local. Dans les Bouches du Rhône, la coordination départementale des CUALs s'est adressée au comité d'initiative pour un NPA et la LCR pour qu'il y ait une co-organisation d'un débat sur ce qui nous occupe tous : l'émergence d'une force organisée à gauche du PS, et qui lui dispute son hégémonie . Cela s'est soldé par une fin de non recevoir : si vous voulez discuter, rejoignez nous dans les comités npa. Sous entendu : vos collectifs n'ont pas d'intérêt sauf vos militants pris un par un.<br /> Et il y a un double préalable ( cf le Rouge de la semaine dernière) : rien avec le PS, et rien non plus avec ceux qui ont passé des alliances avec le PS lors de ces dernières municipales.<br /> Tout autre est la démarche des CUALs . Nous devons avoir le débat sur le rapport avec le PS, sans d'ailleurs y apporter de réponse définitive car cela n'aurait aucun sens, sauf à vouloir créer une force qui, pour agir sur les institutions, donc pour gouverner, attendrait d'être majoritaire à elle seule et ce à travers les seules luttes sociales. <br /> Ces luttes, bien entendu nous devons les relayer, les éclairer d'un propos politique, mais nous devons aussi être conscients qu'il y aura des étapes.<br /> Que voulons nous vraiment ? <br /> C'est une évidence que la discussion avec la LCR et au delà, avec tous ceux qui s'impliquent dans le processus NPA, doit avoir lieu partout où cela est possible mais cela ne doit pas nous paralyser pour mettre un pied devant l'autre et concrétiser, à petits coups certes, ce qui constitue la spécificité de nos collectifs : mener le combat unitaire ET avancer pour participer à la construction d'une force nouvelle à gauche qui ne tranchera pas par avance la question de la participation et des moyens d'actions.<br /> Ce que les collectifs ont commencé d'organiser est modeste mais ce n'est pas rien et cela aura du poids si nous arrivons à faire en sorte que cela soit utile, non pour les collectifs en eux-mêmes mais dans la perspective que nous nous sommes fixés.<br /> Ne nous paralysons pas en ne sachant pas prendre acte de ce qui est pour l'instant à l'oeuvre.<br /> <br /> Armelle <br /> CUAL Marseille centre ville <br /> ex-candidate aux municipales sur les listes Marseille contre attaque à gauche avec la LCR/
Répondre