Congrés du PS : les faux convertis au réformisme, par Michel Noblecourt

Publié le par EMINEM cgtmci@free.fr

Chronique
LE MONDE | 18.07.08 | 13h23  •  Mis à jour le 18.07.08 | 13h23

e vous méprenez plus sur l'identité du Parti socialiste. Si, à quatre mois de son congrès de Reims, il est toujours dans le brouillard sur sa stratégie, son projet, son leader et ses alliances, il se revendique désormais clairement, fermement, voire irréversiblement, réformiste. Sa nouvelle déclaration de principes - ratifiée à 82 % lors d'un vote auquel plus d'un militant sur deux n'a pas participé - est formelle : "Le Parti socialiste est un parti réformiste. Il entend exercer les responsabilités de gouvernement, à tous les niveaux, afin de changer la société." C'est le cadre commun, le socle de toutes les sensibilités au sein du PS.

 

Un socle commun ? François Hollande, Ségolène Royal, Martine Aubry, Bertrand Delanoë, Pierre Moscovici, et même de nouveau Laurent Fabius, portent leur réformisme en bandoulière. Ils l'assument sans états d'âme. Mais il n'en va pas tout à fait de même pour la minorité du PS, son "aile gauche", du moins à la lecture des cinq contributions qu'elle a livrées en vue du congrès.

Ainsi, le texte de Benoît Hamon et d'Henri Emmanuelli se réclame de ce "socle commun", écarte "les faux débats", défend une "économie sociale et écologique de marché régulée" et évoque cette "carte d'identité". Mais il se garde bien de mentionner le gros mot de réformiste, multipliant même les préventions à l'égard d'un système avec lequel il faut "rompre", afin de "préparer l'avenir en réconciliant le pays avec le progrès".

Pour M. Hamon, ancien président du Mouvement des jeunes socialistes, "l'avenir du PS ne peut pas être le passé de la social-démocratie européenne", qui a accumulé en deux ans treize défaites sur quinze scrutins nationaux. "S'adapter, c'est plier", martèle-t-il, en refusant toute adaptation à un modèle "caractérisé par une régulation minimale, quand ce n'est pas tout simplement par l'absence de règles". Il faut donc "adapter l'économie aux exigences des peuples" et "régénérer le clivage gauche/droite, lui rendre le tranchant que le conflit brutal d'intérêts, économiques ou sociaux, légitime". Sus aux compromis à l'eau tiède !

Plus radical encore, Jean-Luc Mélenchon, qui anime en dehors du PS le club Pour une République sociale, range la nouvelle déclaration de principes parmi ces "opérations cosmétiques" qui "ne peuvent plus cacher l'état de délabrement idéologique et organisationnel du parti". Le sénateur de l'Essonne se fixe le but d'"empêcher la mutation du Parti socialiste en Parti démocrate comme en Italie". Et il préconise un "régime de démocratie républicaine continue", s'appuyant sur une "implication populaire" qui s'apparente plus au contrôle populaire cher à Olivier Besancenot qu'à la démocratie participative de Mme Royal. Ainsi, "la capacité permanente du peuple à changer ses lois doit enfin être reconnue à travers la possibilité de référendums d'initiative populaire pour abroger ou proposer une loi".

Les autres textes de l'aile gauche ne reflètent pas davantage la conversion au réformisme. Renvoyant dos à dos "social-défaitisme" et "social-libéralisme", Marie-Noëlle Lienemann et Paul Quilès s'adressent à "tous ceux qui ne veulent pas de ce réformisme au rabais qui nous est proposé et qui croient que la politique a pour objet de changer le cours des choses". Ancien premier fédéral du Nord, Marc Dolez, qui battait l'estrade avec l'ex-Parti des travailleurs (trotskiste) pour le non au référendum européen en 2005, est fidèle au "caractère anticapitaliste" du PS et appelle à "l'insurrection militante" pour résister à ceux qui veulent "la liquidation du parti de Jaurès".

Ces faux convertis au réformisme, nonistes en 2005, clament, tel M. Hamon, que le PS n'a "pas d'ennemis à gauche". Mais eux ont-ils encore un avenir dans un PS ouvertement réformiste ?

Publié dans Congrés du PS

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