Réponse de Raoul Marc Jennar à Jean-Marie Robert

Publié le par EMINEM cgtmci@free.fr

Cher Jean-Marie,

J'ai beaucoup hésité avant d'intervenir à nouveau sur cette liste de discussion entre des gens qui prétendent changer le monde et où il y a tant de gens haineux à l'égard de ceux qui ne pensent pas comme eux...Ils oublient si souvent, eux qui se présentent comme des chevaliers blancs de l'alternative démocratique, sociale, écologique, autogestionnaire,
féministe, etc,etc, etc, cette belle phrase de Rosa Luxemburg : "la liberté, c'est d'abord la liberté de celui qui pense autrement". Quand je lis la hargne de certains, je me dis que s'ils avaient le pouvoir, je serais exécuté dans l'heure.

Je sais que tu n'es pas de ceux-là. Je sais aussi  ce qui nous rapproche. C'est la raison pour laquelle, je me permets de réagir à ton texte envoyé à Gilles. Il y  dans ce texte une phrase qui m'a fait bondir. C'est, quand tu écris,  "faire de la Politique, c'est se confronter au réel pour changer la donne ... et être patient et tenace pour obtenir un résultat.".

Mais tu es assez averti pour savoir que c'est l'argument utilisé depuis des décennies par les socialistes pour justifier tous leurs reniements. C'est toute l'histoire de l'échec du socialisme démocratique qui dès le lendemain de la mort de Jaurès n'a cessé de trahir l'espérance d'une réelle transformation sociale; c'est la justification aujourd'hui de ceux qui ne veulent pas remettre en cause le capitalisme, cause unique de l'exploitation des humains et de l'exploitation de la nature.

Rassembler des contraires, c'est conduire à la répétition de ce que nous avons vécu avec la gauche plurielle et avec l'expérience 2005-2007. Je ne sais si tu es inscrit à mon blogue. J'y ai mis il y a peu un texte intitulé "unité et cohérence". C'est la leçon que je tire de l'échec de la période 2005-2007.

Ce qui se prépare avec l'appel de Politis, c'est une nouvelle machine à espérer pour désespérer ensuite, où les uns vont s'épuiser à convaincre ceux qui sont aux antipodes de leurs convictions avec le même épuisement pathétique que nous donne à voir un Filoche au sein du PS, avec la même désespérance que nous avons connue pour tenter de trouver un candidat commun. Quand donc comprendra-t-on qu'on ne peut répéter les mêmes erreurs ?

Je préfère pour ma part un débat sur le fond avant un débat sur les structures. C'est ce que m'offre l'initiatitive de la LCR qui prend le risque de se dissoudre pour se fondre dans quelque chose de plus large sur des bases programmatiques claires. Aucun des appareils qui sont derrière l'appel de Politis n'a proposé de se dissoudre pour aller vers un rassemblement plus large. Aucun ne met en avant la nécessité de choix programmatiques et stratégiques non équivoques. Comme si les documents adoptés en 2006 demeuraient une sorte de bible intouchable (et on comprend pourquoi elle doit l'être). Comme s'il n'y avait pas derrière le choix du nucléaire, derrière le choix de l'Europe du TCE, des choix fondamentaux de société.

Je me trompe peut-être. Je ne suis pas de ceux qui se croient infaillibles. Je n'ai pas cette vanité des professionnels de la politique.  Je n'ai pas cette démarche de croyant.  Je verrai, au terme de l'exercice, si j'ai eu raison de ne pas condamner d'emblée ce projet comme tant de gens qui parlent tout le temps d'unité l'ont fait.  Pour l'heure, j'observe qu'un vrai débat s'est engagé. Et qu'il n'y a pas de sujets tabous.

Avec mes sentiments les plus cordiaux, cher Jean-Marie.

Raoul



Raoul Marc JENNAR
Consultant de l'ONU au Cambodge pour le
procès des dirigeants Khmers rouges

 

Publié dans NPA

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