4 commentaires d'Armelle Chevassu, Juliette, Valerie Duviol, Marina Almeida / L'Unité par le nivellement par le bas ou le Rassemblement dans la diversité par Christine Piguel-Coutard et Christian
La transition ne sera réelle que si l'on sait où l'on doit aller. Mille fois raisons: si on reste dans le même schéma, on n'avancera pas.
On n'en est plus à "distribuer les richesses" mais à "distribuer les pénuries" alors qui va payer les pots cassés? Elle est là, la notion de social. Si un effort massif et collectif n'est pas fait en direction des "défavorisés", la crise écologique s'amplifiera!!
Bonsoir Christine,
Suite a ce message, Christine a ecrit dans un mail :
« Cependant, la "gauche", et l'Appel de Politis ne fait, malheureusement pas exception, continue de penser que l'écologie devra s'intégrer, de gré ou de force dans un projet politique, qui peut se payer le luxe de ne pas remettre pas le productivisme en cause. »
En toute amitie Christine, d’où vient ce constat posé ici comme
indépassable ? Correspond-il a une realite faussée (depuis quand
fonctionnons nous encore sous le poids de la personnalisation) à la
lecture des premiers signataires et a ce moment là pourquoi la signature de Paul Aries vaudrait moins que celle de JC Gayssot ou provient-il d’une volonté, non précédée de l’ouverture qui permet le recul et la reflexion, de detruire da façon systematique tout ce qui pourrait accoucher d’un rassemblement.
Et puis qu’est ce que la gauche dont tu parles ? Je me reclame moi-meme et sans honte de celle-ci, je viens d’une culture communiste faite de partage et de desinteressement et pourtant je proclame dans le même temps : qu’il ya un non sens à se reclamer de l’antiliberalisme sans se reclamer de l’anticapitalisme et au final sans remettre en cause la genese, l’ideologie productiviste et avec elle le mythe de la croissance infinie.
Mais, la chose majeure et qui fait ce que je suis, c’est que je ne trouve
aucun interet a cultiver cette difference proclamée dans mon petit jardin entouré de murs. L’objection de croissance ne gagnera rien a la radicalisation de son discours SI elle continue de pratiquer cette
radicalite dans son pré carré. De plus elle doit mettre en regard de cette radicalite la realite sociale, comme dans la reciprocite qui cree la rencontre et la convergence, la question du progres et du developpement humain doit etre mise en regard de quelle soutenabilite pour la planete ?
Si l’on veut créer du « désir de decroissance » et je pense que notre rôle est avant tout celui-ci, faire en sorte de la faire adopter par le plus
grand nombre au sein d’un projet de societe nouveau pour empecher sa fatale imposition par le biais d’un eco fascisme, je pense qu’on ne peut pas dire comme tu l’ecris que d’une part : « Les objecteurs de croissance, les écologistes ont des spécificités, des priorités, complémentaires des spécificités sociales » et d’autre part dire quelques lignes plus haut ou plus bas que la redistribution des richesses a fait son temps et qu’on doit penser autrement. Certes cela ne suffit plus aujourd’hui de se reclamer de cette seule redistribution mais elle reste o combien d’actualite pour tous ceux qui crevent empêtrés dans leur realite sociale sous le poids de la precarite, de la pauvrete car il faut dire ce mot qu’on ne pronoce plus, la pauvrete. Faire crever les pauvres a coups d’OGM de chez lidl, c’est la realite Christine.
Si l’on veut par exemple en tant qu’OC remettre en question la notion de «travail », eclairer sur celle de la maitrise de nos usages, et bien le «je travaille mais je suis pauvre » est une realite sociale à prendre en
compte pour justement, denoncer les notions de flexibilite de precarite qui renvoient a la notion d’escalavage.
L’objection de croissance, si elle veut se faire entendre utilement, doit
trouver les etapes du discours, pour créer ce fameux DESIR, et ceci n’est possible que dans sa rencontre avec ceux qui ne l’ont pas encore comprise.
Qui n’ont pas encore compris qu’elle est le SEUL moyen par ce qu’elle engage comme concept d’acceder à un nouveau projet de societe, celui dont la gauche a tant besoin pour combattre, ideologie contre ideologie, celle des neo cons et des neo liberaux qui a deja gangreine l’Amerique.
L’objection de croissance a ete un declic pour moi, je me suis dit : là il
ya la matiere pour créer AUTRE chose, pour comprendre la complexite du monde à l’aune de la mondialisation, de la mutation anthropologique, et pour apres l’avoir perçu dans sa complexite, acceder au monde voulu, désiré.
Si l’on replace ceci dans la realite politique d’aujourd’hui, je dirais
que nous devons en tant qu’OC se faire porteurs d’un combat ideologique à l’interieur de cette gauche du NON au TCE et au profit de la refondation d’un projet politique de gauche seul outil valable pour se defaire de l’hegemonie d’un PS cogestionnaire du systeme.
Et Sarkozy a dailleurs tres bien su se saisir de ce qui a fait defaut a la
droite pendant tres longtemps et qui fait defaut aujourd’hui à la gauche, le combat des idees, c’est lui-même qui cite Gramsci peu avant le 1erertour des presisdentielles : « je ne mène pas un combat politique mais un combat idéologique. Au fond, j’ai fait mienne l’analyse de Gramsci : le pouvoir se gagne par les idées. C’est la première fois qu’un homme de droite assume cette bataille-là.»
Pour cette raison, et même si je peux partager certaines des critiques qui ont ete effectuees a son egard (question de la participation de certains defenseurs du OUI au TCE, de l’independance vis-à-vis du PS…, ) j’ai signé l’appel de Politis, car la realite politique est là implacable et elle nous oblige a nous doter d’un lieu pour la refondation, ceci meme avant d’envisager les questions de personnes et de structuration. Ceci meme
avant de poser des prealables qui mettraient en difficulte la
participation des organisations a cette refondation. L’appel de Politis
peut etre un levier favorable a la creation de ce lieu. Il sera surtout ce
que nous en ferons, nous, signataires non repertoriés dans la categorie des premiers. Continons à le faire signer massivement pour montrer à quel point, il y a urgence a créer du commun, du lien, de la porosite entre les multiples sensibilites du NON de gauche au TCE.
Amities
Valérie
Marina Almeida
Collectif unitaire Paris 13ième
Je réagis en complétant de mon point de vue le commentaire d’Armelle.
Oui, Armelle a bonne raison de dire que les décroissantistes ne sont pas tous seuls a avoir raison … Et j’ajouterais : ils ne sont pas tous seuls et à avoir raison et à la perdre …
En réalité, la dissociation “écologie” et “social” — traduite entre autres par l’expression “écologie sociale” — n’est pas un faux problème, c’est un problème “capital”, qui, j’en suis sûre, préoccupe et occupe les décroissantistes.
Lorsque Evo Morales déclare «[…] nous sommes en train d'être convoqués par l'histoire pour […] la défense de la nature et de la vie», il oppose « la vie » à « la mort » et bien entendu, non pas la «nature» à l’ « humain » …
Autrement dit, il ne dissocie pas “nature” et “culture” … Son point de vue est surdéterminé par la cosmogonie ou mythologie amérindienne dans laquelle on ne peut pas CONCEVOIR la “nature” séparée ou dissociée de l’ “humain” … ou bien, séparée ou dissociée de ce que nous appelons le “social”.
En avons-nous la même représentation ?
Je ne le crois pas.
Alors : et si en séparant ou en dissociant d’une certaine manière l’écologie du “social” étions-nous en train de reproduire le même geste que reproduisent encore et toujours les théories et les pratiques de l’économique dominante ?
Par ailleurs : et si l’expression «niveler par le bas» — si j’ai bien compris — impliquait dans ce contexte une autre modalité de massification à laquelle nous devrions en fait nous opposer ?
Et encore : si cette intention de vouloir « rassembler dans le respect de nos diversités » se heurtait — entre autres et malgré notre louable intention — à notre tendance archaïque de ne pouvoir rassembler que ce qui se ressemble ?
En effet, nous devrions tenter de nous habituer à repenser la transition, à la concevoir comme un projet et non pas uniquement comme une étape.
Puis, comme l’a si bien dit Élizabeth Roudinesco dans sa conférence «Spectres de Marx, spectres de Freud» — dont certains passages ont été publiés dans ce blog dans la rubrique “Phylosophie” :
il nous faudrait réconcilier « un temps nécessairement disjoint et un temps nécessairement de longue durée, entre le passé qui apparaît sous forme de spectre et le présent qui est le temps disjoint du nouvel ordre mondial […] »
Il ne faudrait « ni répudier la continuité au nom de la rupture, ni répudier la discontinuité au nom de la continuité. Les deux régimes sont nécessaires ».
C’est sans doute sur cette problématique qui s’ouvre le concept de transition.
Marina
Oui, Armelle a bonne raison de dire que les décroissantistes ne sont pas tous seuls a avoir raison … Et j’ajouterais : ils ne sont pas tous seuls et à avoir raison et à la perdre …
En réalité, la dissociation “écologie” et “social” — traduite entre autres par l’expression “écologie sociale” — n’est pas un faux problème, c’est un problème “capital”, qui, j’en suis sûre, préoccupe et occupe les décroissantistes.
Lorsque Evo Morales déclare «[…] nous sommes en train d'être convoqués par l'histoire pour […] la défense de la nature et de la vie», il oppose « la vie » à « la mort » et bien entendu, non pas la «nature» à l’ « humain » …
Autrement dit, il ne dissocie pas “nature” et “culture” … Son point de vue est surdéterminé par la cosmogonie ou mythologie amérindienne dans laquelle on ne peut pas CONCEVOIR la “nature” séparée ou dissociée de l’ “humain” … ou bien, séparée ou dissociée de ce que nous appelons le “social”.
En avons-nous la même représentation ?
Je ne le crois pas.
Alors : et si en séparant ou en dissociant d’une certaine manière l’écologie du “social” étions-nous en train de reproduire le même geste que reproduisent encore et toujours les théories et les pratiques de l’économique dominante ?
Par ailleurs : et si l’expression «niveler par le bas» — si j’ai bien compris — impliquait dans ce contexte une autre modalité de massification à laquelle nous devrions en fait nous opposer ?
Et encore : si cette intention de vouloir « rassembler dans le respect de nos diversités » se heurtait — entre autres et malgré notre louable intention — à notre tendance archaïque de ne pouvoir rassembler que ce qui se ressemble ?
En effet, nous devrions tenter de nous habituer à repenser la transition, à la concevoir comme un projet et non pas uniquement comme une étape.
Puis, comme l’a si bien dit Élizabeth Roudinesco dans sa conférence «Spectres de Marx, spectres de Freud» — dont certains passages ont été publiés dans ce blog dans la rubrique “Phylosophie” :
il nous faudrait réconcilier « un temps nécessairement disjoint et un temps nécessairement de longue durée, entre le passé qui apparaît sous forme de spectre et le présent qui est le temps disjoint du nouvel ordre mondial […] »
Il ne faudrait « ni répudier la continuité au nom de la rupture, ni répudier la discontinuité au nom de la continuité. Les deux régimes sont nécessaires ».
C’est sans doute sur cette problématique qui s’ouvre le concept de transition.
Marina
collectifs unitaires Marseille BdR
membre de l'exécutif de la CNCU
Chers objecteurs de croissance ,
Vous avez raison mais vous n'avez pas raison tous seuls !
bien sûr que l'écologie radicale doit être au coeur du projet mais il nous faut prendre en compte aussi le social, l'état du monde à cet instant.
J'ai assisté hier à une conférence très passionnante donnée par JM Harribey. Passionnante parce que Harribey est modeste et qu'il n'assène pas des certitudes.
Il dit une chose aujourd'hui, ce qu'il pense à cet instant : les décroissantistes oublient une chose : il faut penser la transition.
Ce texte "l'unité par le nivellement" ne le fait pas plus et ce qui n'est pas très constructif : il y est fait des procès d'intention.
Construisons donc, en nous rappelant que nous avons tous besoin les uns des autres pour relever les terribles défis que nous lance le capitalisme. Cela ne se fera pas en se jetant des anathèmes à la figure.
Armelle, signataire sans honte de l'appel :-) (site web)
Juliette
OC