M. Gayssot, porte-drapeau de "la relève" face à Mme Buffet
LE MONDE | 19.04.08 | 13h59 • Mis à jour le 19.04.08 | 13h59
ean-claude gayssot ne veut plus laisser la direction du PCF s'enorgueillir de ses "bons résultats" aux élections municipales. Ni laisser le champ libre à Marie-George Buffet pour la préparation du congrès de décembre sur l'avenir du parti. L'ancien ministre des transports du gouvernement Jospin a décidé de "s'impliquer".
Voilà un an qu'il distille ses critiques à l'égard de la direction du parti. Jusqu'alors, l'ancien bras droit de Robert Hue se contentait de commenter les errements de la secrétaire nationale, en laissant ses camarades "huistes" mener la charge en interne. Lui demeurait en retrait sur ses terres biterroises.
Mais comme le raconte au Monde l'ancien camarade ministre, entendre "Marie-George" revendiquer un "bon cru" aux municipales, dire que "le PCF est la troisième force politique du pays" l'a fait bondir. "Parler de redressement et de recrédibilisation du PCF comme le fait la direction est un non-sens !", s'exclame-t-il. Certes, concède-t-il, les communistes "ont un peu mieux résisté", mais le déclin "est toujours là". Le nier serait un tour de passe-passe qui permet à Mme Buffet de "justifier une stratégie d'immobilité au prochain congrès".
Pour le vice-président du conseil régional de Languedoc-Roussillon, "il faut rompre avec la conception qui a prévalu à la création du PCF". Il plaide pour la création d'une nouvelle force "indépendante du PS mais unitaire et constructive". Pas une aile gauche du PS ni une LCR bis mais un parti "pour la transformation sociale", avec les militants du PS "refusant l'alliance avec le MoDem", "l'extrême gauche unitaire", les altermondialistes, les écologistes de gauche... "C'est le PCF qui doit prendre l'initiative, débattre de cette hypothèse au congrès. Qu'il dise qu'il veut participer à la création de cette force sans que l'étiquette PCF soit un préalable", martèle M. Gayssot, qui voit dans les élections européennes de 2009 une première étape.
"RUPTURE"
Il assure qu'à 63 ans, il ne cherche pas à prendre le pouvoir. Il veut juste "sauver" ce qui peut l'être. "L'heure de la rupture et de la relève avec ce qui symbolise l'échec a sonné", souligne-t-il. La secrétaire nationale doit donc laisser sa place, comme elle l'avait annoncé. "Marie-George Buffet ne peut incarner la rupture. C'est elle qui a porté le PCF à 1,93 %...", lâche-t-il. Laisser entendre qu'elle pourrait rester, "cela veut dire juste qu'on continue comme avant". Et ça, pour M. Gayssot, comme "pour la grande majorité des élus", affirme-t-il, "ce n'est plus possible".
Sylvia Zappi
Article paru dans l'édition du 20.04.08