Avec Fausto Bertinotti, la Gauche arc-en-ciel veut allier le combat social et écologiste

Publié le par EMINEM cgtmci@free.fr

LE MONDE 07.04.08 | 15h32 CIVITAVECCHIA (ITALIE) ENVOYÉ SPÉCIAL

lls ont les cheveux blancs et le coeur serré. Pour la première fois, ils iront voter sans pouvoir cocher le marteau et la faucille. Refondation communiste a cédé le pas à une liste unitaire de gauche, communiste et écologiste. "Il me manque, le vieux symbole, mais peu importe, avec la Gauche arc-en-ciel, on recommence", se satisfait Renzo en regardant tomber les premières gouttes de pluie sur Civitavecchia. Fausto Bertinotti, président de la Chambre des députés sortante, et tête de la liste arc-en-ciel, ne pourra pas tenir son meeting sur la place. Il faudra se rabattre sur le salon de l'association des dockers de cette ville portuaire de 50 000 habitants, à une heure au nord de Rome. Pas plus mal, reconnaît Giancarlo, qui s'arme d'un parapluie et de nostalgie pour le temps du Parti communiste italien. "Je les connaissais bien, moi, les Veltroni, les D'Alema, qui, aujourd'hui, sont heureux de s'être débarrassés de nous. Jeunes, ils voulaient lancer les bouteilles incendiaires et, maintenant, à force de poursuivre le centre, ils ont fini par trahir". Les réformistes ont rompu avec la gauche radicale. Mais pas au niveau local. D'où une certaine schizophrénie chez les militants. Les propos de Gino De Paolis, candidat pour la Gauche arc-en-ciel au conseil provincial, sont ainsi plus nuancés : "L'expérience de ces quinze dernières années, au niveau local, a été bonne. Alors on continuera à travailler avec le Parti démocrate, on veillera au grain". Mais, dans la salle, où doit prendre la parole "Fausto", c'est l'exécration qui l'emporte envers l'autre gauche. Enrico Luciani, docker et conseiller régional, doute même qu'elle puisse se définir encore telle. "Droite et centre gauche ont des programmes qui se ressemblent. Prenez les transports locaux dont je m'occupe : privatisation tous azimuts, avec risques pour les emplois et la qualité des services pour les banlieusards". Alors on préfère se remonter le moral avec le titre d'un journal local sur le triomphe de l'équipe des dockers dans le championnat amateur de football : "L'Armée rouge inexorable" MANIÈRES DE GENTILHOMME A Civitavecchia, les militants sont prêts à parier sur un score, ici de 15 %. Dans cette ville à forte présence ouvrière avec une centrale à charbon contestée, l'union de la "vraie" gauche et de l'écologie, s'est faite d'elle-même. C'est sur cette voie qu'insiste Fausto Bertinotti. Le centre gauche de Walter Veltroni met sur le dos de la gauche radicale les difficultés du gouvernement Prodi auquel Refondation communiste participait. Or, pour M. Bertinotti, l'équipe du "professore" a échoué car "les deux temps préconisés, l'assainissement des finances d'abord, la relance ensuite, n'ont pas de sens alors que la précarité est en train de miner les attentes d'une génération qui sait déjà qu'elle aura une vie plus difficile que celle de ses parents". Sara, chargée d'introduire l'orateur, se présente ainsi : "26 ans, licenciée, précaire". La lutte contre la précarité est le thème fort de la campagne de la Gauche arc-en-ciel avec celui de la flexibilité. Pour M. Bertinotti, ce sont là les raisons de la naissance d'une nouvelle gauche qui devra se retremper dans l'opposition. Ses autres combats sont les salaires, les retraites et les nouveaux droits individuels. "Que répond-on à cette veuve d'un docker de Gênes, mort au travail à 38 ans, qui n'était pas marié ? Elle et sa fillette de 5 ans n'auront droit à rien parce que le pays est encore trop frileux pour reconnaître les droits des couples hors du mariage", lance M. Bertinotti. Après son passage à la présidence de la Chambre, "Fausto", le communiste aux manières de gentilhomme anglais est de retour dans l'arène, pour la joie des militants.

Salvatore Aloïse

La nouvelle gauche radicale La "Gauche arc-en-ciel", dont la création a été accélérée pour les élections, regroupe des formations et personnalités de gauche laissées pour compte de la transformation progressive de l'ancien Parti communiste italien en un parti de gauche réformatrice (Parti des démocrates de gauche), puis en un parti de centre gauche (Parti démocrate). La coalition comprend le parti Refondation communiste, les communistes, les Verts et des dissidents des démocrates de gauche qui ont refusé de participer au Parti démocrate. En 2006, Refondation avait obtenu 5,8 % des voix à la Chambre et 7,3 % au Sénat.

Article paru dans l'édition du 08.04.08

Publié dans Italie

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