ÉMANCIPATION

Publié le par EMINEM cgtmci@free.fr

Avertissement

 Ce texte s’inscrit dans les mouvements de pensée et d’action qui sont engagés en faveur de l’émancipation humaine. Les formulations qu’il en donne sont inspirées par le foisonnement créatif des millions de femmes et d’hommes qui n’acceptent pas la soumission, ainsi que par les théorisations de penseurs qui cherchent à rendre ces perspectives concevables, dicibles, crédibles. En cela, il est œuvre collective. Son écriture n’a pas été non plus solitaire. Je souhaite mentionner l’apport décisif d’un ami que sa condition professionnelle contraint à la réserve, mais qui partage avec moi la paternité de ces pages.

 Jean-Louis Sagot-Duvauroux

                                                                                     Table des matières

                                                         Introduction : Rouvrir l’histoire de la liberté

 L’organisation du monde proposée par les démocraties occidentales remplirait, dit-on, les promesses de la modernité. Elle dessinerait l’état le plus accompli, le plus libéral de vie en société. Les partisans de l’émancipation pensent au contraire que l’histoire de la liberté reste ouverte. Ils croient bénéfique et possible d’aller plus loin. Ils font de la liberté la boussole d’avancées nouvelles. Ils affrontent les pouvoirs politiques, les puissances économiques, les dominations identitaires qui y font barrage.

                                                         Première partie – Frontières d’émancipation

La liberté n’est pas un horizon lointain. Nous l’expérimentons tous en même temps que nous nous heurtons à la contrainte. L’émancipation consiste à élargir tant que faire se peut le champ de la liberté. Six frontières d’émancipation semblent propices à des avancées concrètes et immédiates.

 1 - La frontière entre la libre activité et l’activité contrainte

Émancipation du temps humain – temps et conditions de travail – effectivité, efficacité de la libre activité – « abolition du salariat »…

 2 - La frontière entre le libre accès aux biens et leur accaparement par certains

Contraintes marchandes dans l’accès aux biens nécessaires à l’existence – nouvelles formes d’appropriation – gratuités – « à chacun selon ses besoins »…

3 - La frontière entre la libre jouissance et l’aliénation marchande

Limites de la consommation – singularité contre standardisation dans nos relations aux êtres et aux choses – Formes sociales et/ou non-destructive de propriété…

 4 - La frontière entre le libre choix et la coercition

Identification et retrait de toute forme inutile de coercition – « dépérissement de l’État »…

 5 - La frontière entre la libre association et l’aliénation à des pouvoirs hétéronomes

Identification des pouvoirs hiérarchiques et hétéronomes inutiles – effectivité, efficacité de la libre association – articulations nouvelles entre les pouvoirs et la libre association…

 6 - La frontière entre la libre rencontre et les oppressions identitaires

Émancipation féminine – racismes – domination occidentale – uniformisation occidentale du monde et de l’imaginaire politique – expériences de relations émancipées des hiérarchisations identitaires …

 7 – En deçà des frontières d’émancipation, le social

Liens entre les « mesures sociales » et l’émancipation…

                                                 Deuxième partie – Les conditions d’une émancipation effective

 Durant les deux derniers siècles, les objectifs de l’émancipation ont été en partie portés par des forces qui les ont retournés en leur contraire. L’Occident les a utilisés comme alibi de ses entreprises de domination. Le soviétisme en a parfois donné le dégoût. Le projet de rouvrir l’histoire de la liberté doit définir les conditions d’une émancipation effective.

1 – Un libre projet

Non pas accoucheurs d’une vérité de l’histoire, mais collectifs librement constitués autour de libres options émancipatrices.

2 – Ici, maintenant, chaque fois que possible

Non pas les lendemains qui chantent, mais des chantiers d’émancipation à l’efficacité immédiatement palpable, capables d’instituer pour aujourd’hui des libertés nouvelles.

 3 – Des actions forcément multiples sur des rapports de force toujours hétéroclites

Non pas un dessein universel et abstrait de liberté, mais des mises en mouvement concrètes et multiformes autour de contraintes enchevêtrées, hétérogènes.

4 – Se défaire de la religion de l’État

Non pas la prise du pouvoir « à l’État », mais des mises en mouvement du rapport de force partout où se joue de l’émancipation, dont l’État.

5 – Le plus grand nombre

Non pas un sujet politique portant l’émancipation par essence (le peuple, le prolétariat…), mais chaque fois la libre construction politique d’une force démocratique adéquate.

 6 – Radicaliser la démocratie

Toute la démocratie possible, et non pas sa pétrification dans sa forme représentative actuelle.

7 – Apprendre à être libre

Non pas seulement ouvrir des espaces de liberté, mais créer les conditions culturelles permettant à chacun de les habiter.

Codicille : Un progressisme post-prométhéen

Il y a des aspects cumulatifs, « progressifs » dans l’émancipation. On peut gagner davantage de liberté. Mais habiter ces espaces de liberté effective est une histoire chaque fois recommencée. Et nous savons aujourd’hui que notre action sur la nature n’est pas un horizon de puissance illimité…

Publié dans Phylosophie

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