L'élection de Hambourg pèsera sur les stratégies d'alliance des deux grands partis allemands

Publié le par EMINEM cgtmci@free.fr

LE MONDE | 22.02.08 | 13h59  •  Mis à jour le 22.02.08 | 13h59
HAMBOURG (ALLEMAGNE) ENVOYÉE SPÉCIALE OAS_AD('Frame1')

L'issue de l'élection régionale qui se déroule, dimanche 24 février, à Hambourg, est attendue avec impatience par les unions chrétiennes CDU-CSU et le Parti social-démocrate réunis au sein du gouvernement de grande coalition à Berlin. Après les élections en Hesse et en Basse-Saxe le 27 janvier, le grand port allemand, qui a statut de ville-Etat, est considéré comme un second test avant de définir une stratégie en vue des élections législatives de 2009. Le résultat du vote devrait aussi permettre de clarifier la situation en Hesse, où aucun des deux grands partis n'est pour l'instant en mesure de constituer un gouvernement.

Hambourg pourrait vivre une situation comme la Hesse. Certes, l'écart entre la CDU et le SPD reste important - les chrétiens-démocrates recueillent 40 % des voix contre 35 % pour les sociaux-démocrates, selon la dernière enquête d'opinion publique publiée jeudi 21 février -, mais les scores de leurs alliés traditionnels, les Verts et les libéraux du FDP, ne devraient permettre à aucun des deux camps de composer un gouvernement à sa guise.

Principales figures de la campagne électorale, le maire actuel, Ole von Beust, 52 ans, affronte le social-démocrate Michael Naumann, 66 ans, ancien directeur de la rédaction du très sérieux hebdomadaire Die Zeit. Arrivé à la tête de la ville en 2001, avec le soutien du populiste Roland Schill, le chrétien-démocrate avait mis fin à plus de quarante ans de règne social-démocrate. Il avait dû surmonter, deux ans plus tard, une crise avec son allié, au cours de laquelle fut mise à jour son homosexualité. Il provoqua des élections anticipées qu'il remporta haut la main, avec 47, 2 %, en février 2004.

M. von Beust peut se prévaloir d'une plus longue expérience politique et d'une plus grande popularité que son adversaire social-démocrate, propulsé candidat en mars 2007, à la surprise de tous. Intellectuel en vue en Allemagne, M. Naumann fait un peu figure de débutant en politique. Hormis un bref passage dans le gouvernement de l'ancien chancelier Gerhard Schröder en qualité de secrétaire d'Etat à la culture entre 1998 et 1999, M. Naumann a fait toute sa carrière professionnelle dans le journalisme et l'édition.

Une fois encore, le parti Die Linke, la gauche radicale, pourrait venir jouer le rôle de perturbateur lors de la formation du Sénat. Porté par ses succès en Basse-Saxe et en Hesse, le parti est crédité jusqu'à 9 % des intentions de vote à Hambourg.

Comme dans le reste du pays, les questions de justice sociale ont dominé les débats. Dans les cités HLM de Billstedt, situées à l'est de la ville, les habitants interpellent les candidats sur ce sujet. Dans ce quartier à forte population étrangère, on retrouve tous les ingrédients d'une banlieue en difficulté : chômage, échec scolaire et criminalité juvénile. "La frustration a plutôt eu tendance à augmenter dans ce quartier ces dernières années", juge Dieter Kauczor, responsable du SPD à Billstedt et directeur d'un centre de loisirs.

Jusqu'à aujourd'hui, ce quartier reste une forteresse sociale-démocrate. Mais, "beaucoup de gens encore déçus par les réformes de Gerhard Schröder, nous disent qu'ils vont voter Die Linke", explique avec fatalisme Philipp-Sebastian Kühn, candidat SPD à Billstedt. "Nous recevons beaucoup de soutiens", confirme Elisabeth Bau, la candidate de la gauche radicale dans cette circonscription. Pour mobiliser son électorat, le SPD a mis l'accent sur un certain nombre de mesures sociales : suppression des frais d'inscription à l'université et des frais d'achat de livres scolaires et réduction des frais de garde d'enfants.

Comme pendant la campagne électorale en Hesse, le SPD affirme ne vouloir à aucun prix se rapprocher de Die Linke dans le cas d'un résultat très serré. M. Naumann l'a exclu. "Je ne connais personne qui accepterait de coopérer avec Die Linke", assure Andy Grote, candidat SPD dans le centre-ville d'Hambourg. Mais en Hesse, depuis les élections régionales de janvier, le parti est devenu plus hésitant. La CDU profite de ce flou pour accuser le SPD de manquer de clarté. Devant son public, jeudi 21 février au soir, le maire d'Hambourg a mis en garde contre "une ville où les communistes auraient à nouveau leur mot à dire".

Cécile Calla

Population de la ville-Etat de Hambourg : 1,7 million d'habitants.

Taux de chômage en 2007 : 8,3 %.

Le sénat de Hambourg comprend 121 députés, dont 63 de la CDU, 41 du SPD et 17 du parti des Verts. En 2004, la CDU avait obtenu 47,2 % des voix, le SPD 30,5 % et les Verts 12,3 %. Un sondage publié jeudi 21 février par la Société de recherches sociales attribue 40 % des intentions de vote à la CDU et 35 % au SPD. Les Verts sont crédités de 9 %, la gauche radicale - Die Linke -, de 8 %. Le Parti libéral démocrate (FDP) n'est crédité que de 4 %.

Publié dans Allemagne

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