Eléments sur le Conseil national du PC (ou : Le Modem est-il de droite ?)

Publié le par EMINEM cgtmci@free.fr

 

   
     
   
 Gilles Alfonsi <gillesalfo...@free.fr>

Le Modem est-il de droite ?

La question vaut d'être posée, après le Conseil national du PCF de ce 8
février.

Le débat du CN s'est focalisé sur le manque de clarté de la position du
PC concernant la possibilité de participer à des listes aux municipales
(au 1er tour, au 2ème tour) ou demain à des exécutifs comprenant le
Modem.

Les situations de Grenoble et Paris ont été évoquées, de même que
celles de Bordeaux et de Montpellier. A Grenoble, la liste comporte 9
membres du Modem, dont ses dirigeants locaux. A Paris, il y a des
craintes croissantes d'une alliance de deuxième tour avec le Modem.
Au-delà de ces exemples emblématiques (grosses villes, dont la
capitale), le problème du Modem se pose dans d'autres endroits.

Nous (les membres du CN "communistes unitaires") sommes intervenus pour
demander une clarification de la position du Parti, soulignant la
nécessité de ne pas nourrir une recomposition politique autour des
options sociales-libérales, dans un contexte de brouillage des valeurs
et des orientations, d'envoyer un message clair au "peuple de gauche".
Une position ambigu sur un tel sujet est contraire à tout ce qui fonde
l'engagement communiste.

Plusieurs responsables départementaux ont évoqué un "certain trouble"
dans le Parti.

Trois arguments nous ont été opposés, en substance :
- la question d'une alliance avec le Modem ne se pose pas puisque c'est
le PS qui, ici et là, a des vélléités d'alliances,
- le Modem ne constitue pas une entité homogène, il y a en son sein des
personnes qui ne sont pas vraiment de droite,
- il ne faut pas mettre en difficulté la dynamique de rassemblement à
gauche naissante par une prise de position brutale,
et un quatrième "argument" :
- "il est trop tôt", "on ne réglera pas le problème par une
déclaration"...

MG Buffet est intervenue à deux reprises contre une clarification du
texte.

La version finale de la résolution du CN dit ceci : "Et c'est bien
parce que l'urgence est de battre la droite et ses idées, et de
construire une alternative à gauche que le Conseil national dénonce les
manoeuvres d'élus socialistes qui, imaginant leur salut du côté du
Modem, contribuent à la dilution des valeurs et des convictions propres
à la gauche. Il encourage les communistes confrontés à ces situations à
continuer à se battre pour assurer la réaffirmation claire et la
visibilité, dans leur localité, des idéaux qui sont les nôtres et ceux
de tous les progressistes". Le texte a bougé par rapport à la
proposition initiale mais il continue de faire l'impasse sur la
position du PCF là où le PS décide ou prépare une alliance.

Nous avons proposé d'intégrer un amendement tout simple à la suite de
ce paragraphe : "Il est exclu que les communistes participent à des
listes incluant le Modem, d'une manière ou d'une autre".  Cet
amendement a été repoussé par 80 voix contre 9 pour et 13 abstentions.

La résolution a été adoptée avec les voix du courant orthodoxe
(habituellement si prompt à dénoncer les compromissions avec les
ennemis de classe et les liquidateurs blablabla...) et en l'absence de
très nombreux camarades (le CN comporte en principe 254 membres).

Franchement, voir ainsi tergiverser la direction du Parti communiste
sur une question aussi basique donne un sentiment de consternation.
Plus au fond, on sent la volonté d'ignorer les raisons pour lesquelles
"on en est arrivé là". En particulier, il n'y a aucune réflexion sur
les raisons pour lesquels nous sommes "coincés" entre les
sociaux-libéraux et l'extrême gauche protestataire, faute d'avoir
constitué avec d'autres un espace de la gauche de transformation
sociale.

Reste que le problème politique n'est pas réglé par la "position du
jour". Nous verrons en effet dans les prochaines semaines si le PS
multiplie les démarches pour rallier le Modem, ce qui posera la
question de notre attitude dans les villes pour le deuxième tour, puis
par rapport à la participation à des exécutifs (y compris pourquoi pas
dans des départements).

Dernier point : cela s'est exprimé lors de ce CN, la ligne du noyau
dirigeant est d'espérer des scores honorables (et peut-être quelques
gains, possibles) qui lui permettraient de faire valider rapidement
l'option qui est la sienne pour le congrès (la continuation du PC, ou
le PC continué, ou le P continuant le C, ou le C poursuivant le P -,
c'est-à-dire de ne -presque- rien changer).

Il nous semble responsable :
- de continuer à militer pour obtenir des scores honorables et si
possible des gains dans toutes les configurations situées clairement à
gauche,
- de s'opposer à toutes participations du PCF à des listes et à des
exécutifs incluant le Modem.

Gilles Alfonsi
Philippe Stierlin

Publié dans ACU

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